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"Après, ce sera tes bras", déclara Byrne. Il s'agenouilla à côté de l'homme, attrapa ses cheveux et attira la tête près son corps. "Après, je serais créatif."
"Les pneus, elles sont dans les pneus." L'Innie bafouillait les mots qui sortaient de sa bouche.
Les Marines de l'escouade d'Avery se rendirent immédiatement près de larges pneus placés autour du mur de l'usine, les déposèrent précautionneusement sur le sol, et commencèrent à sonder leurs roues. Mais Avery savait que les Innies étaient plus intelligents que ça. En analysant les paroles de la victime de Byrne, il devina que les explosifs se trouvaient en réalité dans les pneus. Les Innies avaient mélangés les explosifs avec le caoutchouc synthétique, une innovation perfide bientôt confirmée par l'ARGUS et téléchargée sur le TOC.
La composition de ces pneus explosifs n'était pas dans la base de données. Mais l'officier de l'ONI remarqua que la mission n'aurait pas pu être plus plaisante. Pour une fois, ils ont été à l'avant-garde de l'ennemi, ils l'ont pris par surprise, et il a fallu moins de une minute avant son identification positive. Un des douze drones aérien ARGUS patrouillait l'autoroute principale de Cabash, la capitale de Tribute, et analysa l'espèce chimique d'une des multiples marques de frein créées par les seize roues d'un camion alors qu'il virait brusquement sur le parking du petit restaurant Jim Dandy à côté de la route. Certains, si ce n'est la totalité de ces pneus, étaient des bombes attendant de sauter.
Le drône, un petit disque, d'un mètre de large, volant uniquement à l'aide d'un seul propulseur, analysait la zone alentour au camion, il détecta une seconde trace d'explosif cette fois ci à l'intérieur du restaurant. En analysant bien le restaurant avec sa caméra thermique et des données ARGUS, les officiers du TOC ont déterminés que la trace provenait, d'un homme assis à trois pas de la porte principale.
"Marines, retournez à vos oiseaux" ordonna le Lieutenant Colonel Aboim. "Vous avez une nouvelle cible."
"Que fait-on des prisonniers?" demanda Byrne. Le sang qui provenait des diverses fractures de l'Innie s'était répandu jusqu'au bottes sergent.
La personne qui parla ensuite était le représentant des opérations de l'ONI - un officier que Avery n'avait jamais vu en personne. Comme beaucoup de dirigeants de l'ONI, il préférait rester le plus anonyme possible. "Est ce que celui qui parlait est toujours en vie ? » demanda l'officier.
"Affirmatif," répondit Avery
"Ramenez-le, sergent. Neutralisez le reste." Il n'y a eu aucune sympathie dans la voix de l'officier - ni à l'encontre de l'Innie ni à l'encontre de ses bourreaux : les Marines. Avery serra les dents en même temps que Byrne changea sa M7 en mode semi-automatique et fusilla chaque Innie de deux balles dans la poitrine. Les trois hommes tombaient raides sur le sol. Mais Byrne leur ajouta une balle de plus dans leurs têtes - pour être sûr.
Avery ne pouvait pas s'empêcher de regarder le carnage, mais il fit de son mieux pour ne pas se souvenir de ces hommes et de la fumée blanche qui sortait de l'arme de Byrne. Sa mémoire lui infligeait souvent la vue de scènes passées, et c'était une scène qu'il aurait préféré ne pas revoir.
Byrne soulevait leur prisonnier maintenant solitaire sur ses épaules, tandis qu'Avery faisait signe à l'autre Marine qui se trouvait à l'extérieur pour attendre les Hornet. Moins de quinze minutes après, les deux escadrons étaient embarqués. Les propulseurs des Hornets s'enflammèrent, et les Hornets retournèrent d'où ils venaient. Mais cette fois ci, ils n'avaient que peu de temps, donc besoin de vitesse :les Hornets volèrent bien plus haut au dessus de la plaine volcanique que par rapport au voyage aller.
Les officiers du TOC discutaient brièvement si oui ou non le drône devait détruire le camion si ce dernier tentait de s'enfuir avant l'arrivée des Marines. La quatre voies ont étés bouchées, et le moindre micro-missile du drône était assez puissant pour détruire un tank. Même un coup précis au niveau de la cabine pourrait toucher les pneus, tuant des dizaines de personnes dans les véhicules environnants. Mieux encore, l'officier de l'ONI proposait de pousser le camion à se stabiliser dans le parking du Jim Dandy. Mais le Lieutenant Colonel Aboim était tout de même préoccupé par les éclats d'obus qui ravageraient le restaurant bondé.
Heureusement, la cible individuelle forçant les Hornets à procéder à un vol de plus de vingt minutes, les Marines purent prendre un petit-déjeuner. La camera du drône était maintenant affiché en temps réel dans un coin du HUD de Avery, l'homme venait juste de finir sa deuxième tasse de café lorsque les Hornets se stabilisèrent près d'un immeuble de bureaux, à l'opposé, de l'autre côté de l'autoroute.
La nourriture prenait de la place dans la vidéo thermique du restaurant dans lequel les objets chauds étaient affichés en blanc et les objets froids en noir. La cible était un homme pâle, autant que certains repas d'autres clients. Le café tiède dans la tasse de l'homme s'affichait gris foncé, ce qui signifiait que soit l'homme allait la remplir ou bien qu'il était prêt à se lever. Mais plus important, Avery remarqua qu'il était entouré d'une lueur rouge, modélisée par l'ARGUS, ce qui voulait dire qu'il était couvert de résidus d'explosifs. Avery devina que l'homme s'est rendu récemment à l'atelier; Peut-être même qu'il avait contribué à la fabrication des explosifs des pneus du camion.
Comme le Hornet de Avery tourna de côté pour faire face à l'immeuble de bureaux, il se lança à l'aide de cordes en nylons rattachées à son épaule et arracha le canon gauss Stanchion M99 - fusil de l'aile de l'avion. L'arme, composée de deux mètres d'un long tube d'alliage magnétique, accélère un petit projectile à une vitesse très importante. Alors qu'il a été étudié pour éliminer des bombes ou de petits engins à distance, il est également redoutablement efficace contre les cibles "molles" que sont les humains.
Avery abaissa le Stanchion sur son armature et il le cala bien avec son épaule. Immédiatement, le système de ciblage du fusil établit une liaison sans fil avec le HUD de Avery, et une petite lueur bleue s'afficha. Avery positionna le M99 jusqu'a ce que le voyant ce soit changé en vert: ce qui indiquait que son premier tir rejoindrait directement la poitrine de l'objectif. L'homme pourrait presque sentir les quatre millimètres de tungstène lui passer de l'aisselle gauche au bas de l'aisselle droite. Celui-ci posa sa carte de crédit sur le comptoir et pivota sur son tabouret.
Avery enclencha le Stanchion. L'arme émit deux petits bruits, indiquant que la batterie était complètement chargée. Il souffla lentement, et chuchota:
"Cible Verrouillée. Demande permission de tirer." Le temps que le Lieutenant Colonel Aboim répondit, la cible déambula jusqu'aux doubles portes du restaurant. Avery l'a vu tenir la porte pour laisser passer une famille de quatre personnes. Il imagina l'homme sourir en disant quelque chose d'aimable.
"Permission accordée" répondit Aboim. "Feu à volonté."
Avery se concentra d'avantage et accru la pression de son doigt ganté sur la gâchette du Stanchion. Il attendit que l'homme soit en bas de l'escalier mais l'indicateur de l'arme afficha que son premier tir pourrait causer des dégâts sur le parking. Pendant ce temps, l'homme fouillait dans ses poches, certainement pour trouver les clefs du camion. Avery tira.
La balle du Stanchion quitta le canon dans un gros bruit et traversa tout un étage d'un immeuble composé essentiellement de polycrete-renforcé sans même influer sur sa trajectoire. Elle fit un voyage à plus de quinze mille mètre par seconde, passa au dessus de l'autoroute pour arriver jusqu'à la poitrine de la cible. L'homme s'écrasa sur l'asphalte et vola en morceaux comme une vague face à une coque de bateau.
Immédiatement, les deux Hornets, s'envolèrent au dessus de l'immeuble et traversèrent l'autoroute; Avery s'est positionné de façon à couvrir Byrne pendant que ce dernier se dirigeait vers le restaurant. Le sergent irlandais sauta du Hornet quelques mètres avant que ce dernier se soit posé, et marchait rapidement en tête de son équipe, en direction du camion. Des traces de sang couvraient légèrement les véhicules alentours. L'un des bras de la cible a été retrouvé coincé entre deux pneus.
"Secteur sécurisé," gronda Byrne dans la COM.
"Négatif" rétorqua Avery, en regardant la caméra du drone, il remarqua une lueur rouge persistante près du tabouret ou était la cible. "Il y a une bombe dans le restaurant."
Le groupe de Byrne sprinta à l'entrée du Jim Dandy et fit irruption par les doubles portes du restaurant. Les clients se tordirent sur leur siège pour apercevoir les Marines en armure arriver. L'une des serveuses tendit involontairement un menu, ce qui lui valut une violente poussée de la part de Byrne. L'ARGUS du sergent bipait comme un insecte enragé lorsqu'il détecta quelque chose : un sac a main qui contenait une chaîne en or.
A ce moment, la porte des toilettes de l'autre côté du restaurant s'ouvrit. Une femme en pantalon noir et avec un manteau en velours en sortit, elle sentait ses mains fraîchement lavées. Lorsqu'elle vit tous les hommes de l'escouade Bravo, elle s'est arrêtée net. Ses yeux rivés sur le sac à mains : son sac à mains.
"A genoux!" cria Byrne. "Les mains sur la tête!"
Mais le temps que le sergent posa le sac sur le comptoir et leva sa M7, la femme bondie vers une table où une famille de quatre personnes venait juste de s'installer. Elle attrapa le coup du jeune garçon et l'arracha de sa chaise. Il ne devait pas avoir plus de quatre ans. Il donnait des petits coups de pieds car il commençait à s'étouffer.
Byrne maudit, assez fort pour que les officiers du TOC l'entendent. S'il n'avait pas eu son uniforme, il aurait voulu tuer la femme avant même qu'elle n'ait bougée. Mais maintenant, elle avait un otage et aussi le commandement de la situation.
"Reculez!" cria la femme, "Vous m'entendez?". Avec la main qu'elle avait de libre, elle sorti de son manteau un détonateur de la même taille que celui que Avery avait vu à l'atelier. Elle mit le dispositif devant le visage du garçon. "Partez ou je vais tous les tuer!"
Pendant un moment, personne n'a bougé. Ensuite, comme si la femme faisait obstacle à toute lueur de raison dans la tête des gens pétrifiés à leur place, d'un coup ils virent tous la lumière et se précipitèrent vers la sortie du Jim Dandy.
Avery regardait le chaos qui régnait à travers son HUD. Il a vu une masse de silhouette blanche terrifiés autour de l'escouade Bravo, les poussant à l'extérieur et donc de les éloigner de leur objectif.
"Johnson. Tirez !" cria Byrne dans la liaison COM. Comme le Hornet de Avery patrouillait autour du restaurant, le viseur du Stanchion tournait autour de la femme, le but était de l'atteindre. Mais sa température et donc sa position étaient presque indifférenciable du garçon.
Soudain, Avery a vu l'image du père de l'enfant se lever de sa chaise, montrant ses mains pour prouver qu'il n'était pas armé. Avery ne pouvait pas entendre ce que disait le père (il était trop éloignés des micro-casques de l'équipe Bravo) mais son calme n'a fait qu'augmenter l'état de panique de la femme. Elle a commencée à se retourner vers l'arrière du restaurant, en agitant le détonateur, sa fureur était telle que ses menaces en devenaient incompréhensibles.
"Clouez-la !" hurla Byrne. "Ou je le ferais!"
"Feu" dit Avery. Mais au moment où il regardait le viseur de l'arme, en essayant de trouver un angle qui pourrait sauver le garçon. "Feu" répéta-t-il, en espérant que les mots qu'il disait allaient empêcher aux doigts de Byrne d'appuyer sur la détente. Mais Avery ne tira pas. Pas immédiatement. Et c'est à ce moment que le père sauta en avant, saisissant le détonateur.
Avery n'a put voir uniquement la femme tomber à la renverse, le père au dessus, et le garçon pressé entre les deux. Il a entendu le crépitement de la M7 de Byrne et l'explosion de la bombe qui se trouvait dans le sac fut suivie rapidement de celle des pneus du camion. La caméra du drone resta totalement blanche, obligeant Avery à fermer les yeux. Puis un mur de chaleur et une violente poussée le fit cogner contre la cellule du Hornet.
La dernière chose qu'Avery se rappela avant de s'évanouir dans son armure est le bruit des propulseurs destinés à monter en altitude, un bruit qui ressemblait plus à un cri qu'à un gémissement.
J'espère qu'il vous a plu.
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